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Philosophie économique

La philosophie économique reprend à son compte des traditions aussi éloignées que celles de Mill, Marx, Keynes et Sen. Mais dans une visée plus particulière, elle se rattache à une exploration d’un horizon de fins qui n’est autre que la « recherche du bonheur ». La philosophie économique sera ici présentée comme une interprétation éthique de l’économique. Elle se comprend comme une réflexion pratique sur les motivations de nos actions et sur les finalités que chacun poursuit dans sa tentative d’atteindre ce qu’il entend par la « vie bonne » ou la « vie digne d’être vécue ». Notre philosophie économique qui prend comme objet le désir-plaisir. Elle interroge donc les structures motivationnelles et les montages psychologiques liés aux désirs, à la satisfaction et l’insatisfaction, à la frustration et à la déception, dans leur lien avec l’action et les conséquences de l’action. L’économie comme éthique des désirs s’intègre alors dans un dispositif à trois pôles : la Raison, les passions et les intérêts. L’agent économique auquel nous ferons donc appel n’est pas une représentation idéalisée d’un homo oeconomicus opérant dans un univers certain, mais bien plutôt un agent concret qui ignore le plus souvent ce qu’il désire véritablement, qui fait en permanence l’expérience de la déception, qui apprend après coup que « c’est autre chose qu’on aurait dû aimer ». En bref, c’est un agent engagé dans un processus d’apprentissage, un processus de découverte de soi et des autres par lequel il tente d’éduquer et d’instruire ses choix « rationnels », afin de les rendre plus « raisonnables », en conformité avec une forme de vie qu’il juge préférable pour lui et les autres. Dans ce sens, comment le plaisir peut-il s’intégrer à une évaluation éthique qui donne des orientations sur ce qui est « souhaitable » ou préférable pour l’individu et pour la société ? En d’autres termes, dans quel sens l’économie peut-elle se poser comme une éthique du désir-plaisir, et comment renouer avec le bonheur comme horizon des fins ? Il s’agira alors d’interroger l’éthique de vie à laquelle une telle philosophie économique peut conduire, aussi bien au niveau de ce qui est souhaitable pour l’individu qu’au niveau de l’organisation sociale et le développement des potentialités humaines dans leur plus riche diversité.


Temps présentiel : 21 heures


Charge de travail étudiant : 6 heures


Méthode(s) d'évaluation : Examen écrit, Examen final


Référence :
Blaug Mark, La méthodologie économique, Paris : Economica, 1982. Epicure, Lettre à Ménécée, Hausman Daniel M. (dir.), The Philosophy of Economics : an Anthology, Cambridge : Cambridge University Press, 1984. Hayek Friedrich von, Studies in Philosophy, Politics Economics, Chicago: University of Chicago Press, 1967. Hirschman A. O., The Passions and the Interest. Political Arguments for Capitalism before Its Triumph (1977), trad. fr. ; (1980), Les passions et les intérêts, Paris : PUF, 1997. Keynes John M., La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936 ; trad. fr. : Paris : Payot, 1985. McCloskey Deirdre, The Rhetoric of Economics, Wisconsen : University Press, 1985, 222 p. Mill John Stuart (1859), De la liberté, trad. fr. : Paris : Gallimard, 1990. Mill John Stuart (1871), L’utilitarisme, 1871, trad. fr. Folliot P., 2008, Quebec : Université du Québec à Chicoutimi, Les classiques des sciences sociales. Platon, Le Banquet Gorgias Sen Amartya (2002), Ethique et économie, Paris : PUF.