Mots des invités d’honneur aux cérémonies de remises des diplômes 2017


    • M. Didier Sicard
      Professeur de médecine à l’Université Paris Descartes, ancien président du Comité consultatif national d’éthique
      Mercredi 5 juillet 2017, Sciences médicales
      Discours en PDF

      Ma joie est grande d’être dans cette célèbre Université Saint Joseph si riche en traditions dont celle qui nous rassemble aujourd’hui.
      Quitter l’Université pour certain(es), franchir un nouveau grade pour d’autres constituent des étapes décisives dans votre vie.
      Une période d’angoisse, de bonheur, d’amitiés construites, de relative insouciance devant les portes qui s’ouvrent devant vous, s ‘efface soudain. Votre génération est pourtant moins insouciante que la mienne, car le combat pour la vie post- universitaire devient de jour en jour plus dure.
      Vous allez donc quitter cette période heureuse et affronter la vie réelle : le soin, la relation à l ‘ autre souffrant, qu’elle soit médicale, infirmière, pharmacienne, dentiste, sage-femme, physiothérapeute, orthophoniste ou psychomotricien(ne), technicien(ne) de laboratoire…..
      Vous allez découvrir dans ces temps d’inquiétude, que ces métiers vous donneront beaucoup de joie, de surprise, mais surtout vous serez, plus que n’importe quel autre métier, immergés dans le vrai sens de la vie. Puis-je alors vous laisser quelques messages ?
      -Oubliez vite que vous êtes des étudiants. Vous n’êtes plus des étudiants, ni encore des sachants. Vous êtes découvreurs de la vie…
      -Découvreurs, c’est à dire que vous avez la responsabilité d’inventer de nouvelles réponses. Vous n’êtes pas enfermés dans un sillon. Vous reprenez le témoin et vous le portez là où il n'a jamais été. Vous avez eu des maîtres qui ont fait de vous des héritiers, mais il vous faudra faire mieux qu’eux. Le monde change. Ne restez pas fascinés par la tradition, connaissez-la, mais n’en soyez pas les dévots.
      - Réinterroger sans cesse le monde, c’est ne pas faire du numérique, véritable ivresse de notre temps, la finalité, mais un moyen d ‘ aller au plus vite au diagnostic et au traitement. Le numérique ne passe pas avant le malade. C ‘ est le défaut contemporain majeur de la médecine de notre temps. L'examen du malade n’a pas disparu avec le numérique. Il potentialise la relation. Il ne s’y substitue pas. Gardez l’obligation d’introduire des valeurs humaines dans des prises de décision autonomes liées aux seuls algorithmes où l’homme a abandonné à la machine la direction.
      Soyez donc des poseurs de questions avant d ‘ être des répondeurs. Sachez devant des situations désespérées prendre des risques. N ‘ ayez pas peur de votre responsabilité. Elle est au cœur de ce métier. Un soignant qui a peur d ‘ engager sa responsabilité devrait changer d ‘ orientation.
      -Méfiez vous de vous- même, de votre savoir, de votre ego, de votre prestige qui est celui qui protège la vie. Ne cédez pas à l’individualisme qui vous enferme dans une routine mortelle -Soyez des acteurs qui ne cèdent rien sur les valeurs que sont le respect de tout malade, a fortiori le plus faible, le plus vulnérable, le plus étranger, le plus proche de la mort, que sont aussi la responsabilité qui ne s’arrête jamais, la passion de l’humain, l’attention aux plus déshérités.
      -Soyez dans la vie, restez attentifs au monde, à la culture, au cinéma, à la danse, à la littérature, à la poésie, la peinture, la musique …Soyez des croyants sans en faire état. Un soignant qui ne fait que de la recherche ou du soin se dessèche ou se gonfle d ‘orgueil. Rencontrez les autres métiers, ne restez pas entre seuls soignants à vous raconter éternellement des histoires de soignants. Vous êtes des connaisseurs de la vie, mais d’une toute petite partie, celle des maladies du corps.
      La vie ne se réduit pas à la médecine. Rencontrez d’autres cultures ne vous cantonnez pas à la vôtre, ayez soif de ce que vous ignorez.
      -Soyez conscients que la techno-médecine a envahi la médecine, et que le corps est parfois plus devenu un prétexte que la fin de l’acte de soin.
      Le drame c’est que la techno-médecine est financée par l’économie, donc dans ses mains. Gardez votre liberté, ayez conscience que l’argent de la technologie, de la biomédecine attend de vous, que vous en soyez les instruments fidèles et respectueux. Certes la recherche a besoin de financements mais celle-ci ne doit pas être le seul guide.
      C’est un grand moment pour vous que celui où vous allez quitter l’Université. Le monde s’ouvre à votre intelligence qu’elle attend. Soyez dignes de cette exigence.
      Bon vent !

    • M. Salim Eddé
      Co-Fondateur de Murex et fondateur du Musée MIM
      Mercredi 12 juillet 2017, Sciences et technologies
      Discours en PDF

      Mes chers amis bonsoir

      Lorsque Messieurs Fadi Geara et Wajdi Najem m’ont demandé de m’adresser à vous ce soir j’ai accepté avec plaisir de le faire : les relations entre l’USJ et la société Murex que j’ai cofondée il y a 31 ans sont très anciennes, et l’ESIB en particulier a toujours été le pilier de notre société qui compte aujourd’hui plus de 200 anciens, soit 10% de ses effectifs dans le monde.
      Avant tout, مبروك à tous les étudiantes et étudiants de la Faculté d’Ingénierie et de la Faculté des Sciences pour le diplôme qui couronne vos années d’études dans ce Campus. La question qui doit tarauder plusieurs parmi vous est certainement : « Maintenant que j’ai obtenu ce diplôme, quel est mon avenir au Liban ? ». Bien sûr, certains d’entre vous resteront au pays pour commencer leur carrière professionnelle ou poursuivre leurs études supérieures. Mais le destin ou l’absence de perspectives poussera d’autres à étudier ou travailler à l’étranger et probablement à s’y fixer.
      Il est vrai qu’on est tenté par le pessimisme lorsqu’on regarde notre région qui semble maudite tant elle est constituée de pays presque totalement détruits ou impitoyablement hostiles. Lorsqu’on regarde notre pays, ce pessimisme ne peut que s’accroître devant l’anarchie ambiante, et la perception que nous avons parfois de notre personnel politique, au mieux impuissant ou incompétent, et au pire corrompu. Dès lors, l’autre question que vous devez vous poser est : « Toi qui t’adresses à nous ce soir, qu’est-ce que tu as comme vision ou conseils à nous donner ? »
      Eh bien je vais peut-être vous étonner : Je n’ai personnellement jamais été aussi optimiste, et pourtant à 58 ans j’en ai vu des guerres et des destructions dans notre région. Je trouve précisément qu’un pays qui a pu traverser toutes ces épreuves et qui reste encore debout dans un océan de destruction est un incroyable message d’espoir. Malgré sa petite taille, ses ressources naturelles réduites, et son environnement, le pays dispose d’un atout exceptionnel : son peuple. Mon but ce soir n’est pas de dresser la liste de tout ce qu’il est possible de développer chez nous en profitant des avantages compétitifs que nous avons par rapport à d’autres pays. Je ne prendrai donc qu’un seul exemple : l’informatique, puisqu’il s’agit de l’activité de Murex, plus particulièrement de l’informatique pour les marchés financiers.
      Nous sommes tous témoins de la révolution digitale qui se propage à tous les types de services, avec à l’origine de cette révolution les grands noms d’Internet tels que Google, Apple, Paypal, Airbnb, Uber, etc. Cette révolution digitale a eu lieu aussi dans les services de banque de détail avec la banque en ligne et les guichets automatiques qui permettent à un individu de traiter avec sa banque sans jamais se déplacer dans une agence. Nous pensons que cette révolution digitale devra nécessairement avoir lieu dans les marchés de capitaux qui permettent aux entreprises, aux Etats et aux investisseurs d’échanger des capitaux et de financer l’économie mondiale. Nous pensons que cette révolution aura besoin d’être initiée par un acteur de l’industrie du logiciel qui travaillera en partenariat avec les grands acteurs des marchés de capitaux. Nous voulons être ce partenaire et nous pensons pouvoir mener une partie important de cette aventure à partir du Liban.
      Nous sommes en effet convaincus que le Liban est un excellent emplacement pour héberger cette aventure dans le domaine du logiciel du fait en particulier de la qualité des ressources humaines. Et nous avons la preuve, depuis plus de 20 ans, que l’ESIB qui donne le même niveau de formation que les universités asiatiques ou occidentales est le partenaire idéal pour cela. Le résultat est le développement constant du bureau de Beyrouth qui compte aujourd’hui plus de 500 ingénieurs dont 135 ESIB, travaillant avec plus de 240 banques dans 70 pays différents, avec les mêmes salaires qu’en France ou aux Etats-Unis.

      On me demande souvent si je peux extraire de mon expérience quelques clés du succès professionnel. Je donne toujours les 3 éléments suivants, valables je crois dans tous les domaines :

      1. Avoir envie d’apprendre et ne jamais cesser de se remettre en question. Quel que soit le chemin que vous prendrez, cette règle s’appliquera. Tout évolue très vite, que ce soit la médecine, l’informatique, la législation, les techniques. Vous connaissez tous le sort de sociétés telles que Kodak ou Nokia qui n’ont pas vu à temps les changements et n’ont pas su s’adapter. Vous verrez que l’ESIB vous aura essentiellement appris à apprendre, et ce sont ensuite vos recherches personnelles ainsi que l’expérience qui vous permettront de réactualiser vos connaissances et d’en acquérir de nouvelles. Vous bénéficiez aussi aujourd’hui de quelque chose qui n’était même pas de la science-fiction quand j’avais votre âge, à savoir Internet. C’est un outil de savoir formidable quand on sait bien s’en servir.
      2. L’esprit d’initiative. Là où vous vous trouverez, ce sera un moteur principal de progrès dans votre carrière, que ce soit en tant qu’employés ou si vous décidez de travailler à votre propre compte.
      3. Enfin un élément essentiel: Savoir travailler en groupe. C’est plus difficile qu’il n’y paraît parce qu’on a trop souvent tendance à se concentrer sur ses propres problèmes mais c’est l’élément clé de réussite d’une entreprise. Mais dans les domaines de plus en plus complexes comme l’informatique, seule l’intelligence collective permet l’innovation. Pour trouver les bonnes solutions et les bonnes façons de les réaliser, il est vital de collaborer en dépit des opinions différentes et des désaccords.

      Pour conclure, j’aimerais revenir sur ce que je vous disais au début de mon allocution : Que vous décidiez de rester ou de partir, gardez présent à votre esprit le Liban. Ne perdez jamais l’espoir de faire quelque chose pour votre pays, même si cela ne vous semble pas évident. J’ai étudié et travaillé longtemps à l’étranger, et n’ai jamais cessé de me poser la question : comment faire pour être utile un jour au pays. J’avais 46 ans en 2005 lorsqu’avec mes associés nous avons finalement trouvé le moyen de réellement développer notre société au Liban. Souvenez-vous toujours de la phrase classique mais tellement d’actualité du président américain Kennedy: « Ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country ». C’est notre pays, c’est à nous de l’améliorer, il n’y a pas de fatalité.

      Merci

    • M. Alain Bejjani
      Directeur général exécutif du groupe Majid al-Futtaim
      Lundi 24 juillet 2017, Sciences sociales (Faculté de gestion et de management et Institut de gestion des entreprises)
      Discours en PDF

      Dear graduates, Ladies and Gentlemen,

      It is my distinct pleasure to be amongst you today, at one of the finest institutions that Lebanon, our country, can be proud of.
      As I was pondering about what to say today, I started reminiscing about my own graduation and had a liberating thought – I can hardly remember anything the speaker said that day! So, any foolish advice I may give you in the next few minutes will probably be quickly forgotten, which indeed puts a lot of pressure off!
      Joking aside, coming here is also an honour because, as you may know, I was raised in this country. Spent the greater part of my life in this city. So it is personal for me, since Lebanon has greatly shaped who I am as an individual, and as a leader.
      Frankly, I wish I was sitting in your seat.
      Your generation of graduates will witness major transformations of the world we live in – indeed, you will be part of creating a future in which more and more things that may seem like science fiction will become reality. Just in the past few years, our machines have started demonstrating skills they have never, ever had before: understanding, speaking, hearing, seeing, answering, writing, and still acquiring new ones… Our cars have started driving themselves.
      Imagine a time when machines will match or even surpass the intelligence of a human brain, which is expected to happen in 2025…
      In our lifetime, we may be able to create new senses for humans, like having 360 degree vision or seeing in Infrared.
      Electromechanics, attached to or implanted inside the body, are beginning to bridge the gap between disability and ability, between human limitation and human potential.
      3D printing may soon save lives in seconds. Meaning, if you need a stent in an emergency room, instead of the doctor pulling one out of the shelf, he or she may be able to use a stent that was designed for you, for your anatomy, printed in real time…
      These developments are not evolutionary. They arerevolutionary. They are disruptive to the world as we know it.
      And of course there are elements of the future that look much more challenging – the implications of Brexit, the wave of populism that has engulfed many developed nations, including the United States, the ongoing threat of instability in our region.
      But it is clear to me that being from Lebanon gives you a distinct advantage in dealing with uncertainty.
      We live in extraordinary times, that require extraordinary leadership.
      The truth is, there is no manual to leadership.
      No booklet on ‘how to become a great leader in 10 easy steps’.
      I was raised like many of you with traditional stories of leadership – Nelson Mandela, Winston Churchill, Jack Welch, Steve Jobs, Charles de Gaulle… for the lack of better ones…
      Yet, this ‘new normal’ of exponential and unpredictable change is placing much higher demands on leadership. The implication is that financial capital will no longer be the limiting factor to growth, or the catalyst to superior performance: Quality of human capital will be.
      I believe we have shifted from an era of Capitalism to one ‘Talentism’, where who attracts, develops and retains the best talent wins.
      And what do I mean by ‘best talent’? It is quite simple – people with a growing and learning MINDSET.
      MINDSET either propels people to greatness, or impairs their ability to reach their full potential. It is the ultimate differentiator of our times.
      So, I am not here to impart wisdom, but I hope to share with you a few perspectives about what I believe matters most in order to be a great leader in our ever-changing world. And then come back to what makes you, graduates of St Joseph’s University, uniquely positioned to lead.
      These views are my own, based on my personal and professional experiences. I hope that they will resonate with you…
      In essence, I believe that there are three essential qualities that will set apart the great leaders of tomorrow.
      The first being,
      1. HAVING A SENSE OF PURPOSE, A ‘TRUE NORTH’
      I recently read an interesting book by Simon Sinek, ‘Start with WHY’. The author’s theory is that people don’t join organizations anymore. They join a cause. They follow leaders who believe what they believe.
      I was fortunate enough to work, in my professional life, with great visionaries who had a meaningful and enduring sense of purpose. Mr. Majid Al Futtaim, the founder of the organization I have the privilege to lead, has always had a vision to ‘create great moments for everyone, every day’.
      This is what Majid Al Futtaim, the man, and the company, stand for. Yes, we develop and operate shopping malls, hypermarkets, hotels residential communities, cinemas, consumer finance to cite only a few. This is the WHAT. But the WHAT will never inspire people to join us or contribute to our cause. The WHY will.
      Will use another example that you’re all familiar with, Apple.
      Apple used to be called Apple Computers – not sure how many of you remember that… But Apple is now much more than just (about) computers. It is not about any or all of the products it sells. It is about a MINDSET. "Everything we do, we believe in challenging the status quo. We believe in thinking differently.” Apple just happens to make great computers.
      Another example, LEGO. Yes, LEGO makes building blocks. It has been making building blocks since its founding in 1932. This is the WHAT. The WHY, what LEGO is actually all about is ‘inspiring and developing the builders of tomorrow’. Their cause – ‘Unleashing the joy of learning through play’.
      We follow those who lead not because we HAVE to, but because we WANT to. Because we share their values, their beliefs, their passions, their dreams.
      And I hope as you walk out of this fine institution today, you will join a cause you truly believe in and are committed to. Because this is where you will make the greatest difference.
      An unwavering sense of purpose is a key factor , in my opinion,that will set apart the great leaders of tomorrow.
      Secondly:
      2. OVERCOMING THE FEAR OF FAILURE
      Risk-taking is a critical element of what great leaders are made of. But risk taking is not for the faint of heart, because the greatest challenge to overcome in taking a risk is the possibility that you may fail, in fact, that you are statistically LIKELY to fail.
      Entrepreneurs as well, are afraid of failing. But what sets them apart from the rest of us is that they are even more afraid of FAILING TO TRY.
      Do you think Elon Musk expected the first SpaceX rocket to make it into orbit, let alone come back to Earth?
      Great entrepreneurs know that in the long-run our biggest regrets are NOT our actions but our INactions. If you look at the body of scientific research on this topic you will see that the things we wish we could redo in life are the chances we did NOT take.
      I am sure you all understand what failure is, in theory. But the fact that you are graduating from St Joseph’s University also suggests that you are not very well acquainted with failure. You have already been incredibly successful and can achieve much more than the average person not only in this country, but in this region and beyond. Indeed you may be driven by a fear of failure, as much as by a desire for success. Yet, it is by failing and recovering from setbacks that you will learn about the strength of your will, the discipline you can impart on yourself. It is by falling seven times and getting up eight that you will start to understand that you and your potential are limitless.
      The most inspiring leaders dare to take LEAPS, not steps. They make a difference. They take their business, their industries, their countries to new heights.
      I will share with you a story from Majid Al Futtaim’s history. Almost 20 years ago, when we were working to open Mall of the Emirates, Majid Al Futtaim – the man - had this idea to build an indoor ski slope inside the mall. Can you imagine how outlandish that must have sounded back then?
      This was the desert after all, and this entrepreneur wanted to build a ski slope in a mall. Even if it could technically be done, and most people doubted that, many believed it would never become a commercially viable asset.
      Ski Dubai opened its doors in 2006 and over the past decade it has been a source of great moments and fantastic memories for adults and children alike in this part of the world as well as for the millions of tourists that visit the Dubai and the UAE ever since. Many children in the Middle East and beyond, like my Maria – my youngest daughter - experienced snow for the first time in Ski Dubai, and/or learned to ski on its slope. And I am proud to say that it is not only a commercially viable asset, it is also incredibly energy efficient.
      BOLD is one of the core values we enshrine at Majid Al Futtaim today, to ensure this entrepreneurial mindset that can drive innovation and renewal remains core to our organization’s DNA. To make sure that we continue to be relevant for generations to come.
      Finally the third quality of a great leader is
      3. GRIT
      Much research has been done by psychologists and behavioural economists about what characteristics are the most significant predictors of success. One has emerged as the winner.
      And it isn't social intelligence. It isn't good looks, physical health, or even IQ nor EQ. It is GRIT.
      Grit is the passion and perseverance for long-term goals. Grit is sticking with your goals day in, day out, for years, and working really hard to bring them to life.
      Grit is living life like it's a marathon, not a sprint.
      This is a very interesting insight since we don’t really learn ‘grit’ in school. We don’t even learn it on the job. We might start learning it as early as during our childhood and might strengthen it through observing our role models throughout our life.
      While we are not exactly sure what builds grit in kids, we do know that one essential element is a ‘growth mindset’. This is an idea developed at Stanford University by Carol Dweck, and it is the belief that the ability to learn is not fixed, that it can change with your effort.
      If you can believe this, you are much more likely to persevere when you fail, because you do NOT believe that failure is a permanent condition.
      How many of you have heard of Sir Roger Bannister?
      Sir Roger Bannister was the first man to run a mile in under four minutes. Up until he did it in 1954, most people thought the four-minute mark was impossible to break. They thought the human body couldn’t physically go that fast.
      While he was at university, the press got wind of his talent. He decided to compete in the 1952 Olympics. At this point, expectations were high – Bannister expected to win the 1500 meters. Britain expected him to win. Everyone expected him to win. But he came in fourth.
      And he was devastated – so much so that he spent the next two months deciding whether or not to quit running. In the end, he decided to prove to himself, and to everyone else, that he could do better. He decided to use his humiliation to drive himself forward and push his limits.
      In the 1940s, the record for running a mile had reached 4:01. But it hadn’t budged since. Some doctors and scientists said it was physically impossible to run a mile in less than four minutes. Not just hard, or dangerous, but impossible.
      May 6th, 1954 was a cold day, the track was wet, and there were only a few thousand people in the crowd. Bannister spent the morning at the hospital where he was working towards his medical degree. He was worried about the weather – by the time the race began, it was raining and there was a strong wind.
      It wasn’t looking good.
      He decided to run anyway.
      He finished in 3:59.4
      He’d broken the world record and done what so many believed was impossible.
      He’d made history.
      What I love about his story is that, after Sir Roger Bannister broke the 4 minute mile record, many followed suit.
      In fact, that record was broken again just 46 days after Bannister’s feat!
      Over the next few years, more and more people broke through the four-minute mark. Bannister had proved that it WAS possible and, in so doing, inspired other athletes to break that barrier. Again and again.
      Of course, you may be wondering – this is all great, but how do YOU ensure the organization you are going to join stays fit for purpose and nurtures these leadership qualities? And the answer is that it is not easy, and that it does not happen without a deliberate and meaningful effort.
      Leadership is a very different ball game today than what it used to be. On the one hand, thanks to the hyper-connectivity of our world and the power of social media, a leader can benefit from the magnified impact of his or her actions; on the other, you can find is the a heightened level of scrutiny and debate for every action a leader takes or fails to make.
      Moreover, you are no longer responsible and accountable for your actions and results only to your Board of Directors, or to your shareholders but to a much more complex web of stakeholders, most of whom do not know you, yet have and express expectations of you.
      The litmus test of leadership in my view lies in what you are able to deliver, in the difference you are able to make to all stakeholders.
      Such impact goes beyond financial performance to encompass organisational health, culture, environmental footprint, one’s broader contribution to community, and the sustainability of your business. In simple words, it is about people feeling that you are touching their lives.
      This is what responsive and responsible leadership is all about. An idea so important that it was the central theme of this year’s World Economic Forum Annual meeting in Davos.
      You come from a country with a rich heritage and that has survived through incredible times of adversity and conflict. You were fortunate enough to have attended one of the finest institutions in the region and beyond, and today are graduating from the business school with an incredible depth and breadth of knowledge.
      This is your privilege, but it carries with it a commensurate obligation to make a difference - to the organizations that you are about to join, to the communities you are part of, and hopefully to our country and our region too.
      I grew up at a time when a person’s education started at 5 years old and ended with a university degree at the age of 21 or 22. But today learning is a lifelong pursuit.
      Research shows that on average, young people entering the workforce in the next five years, your generation, will change jobs 12 times in their career. Of those 12 jobs, 8 have not yet been invented. Learning is no longer driven by the specific requirements of a job – learning is taking place to ensure we all stay, at the individual level, fit for purpose.
      This is why we all have the obligation to engage in the conversation. To shape our own careers, our own lives in a purposeful and meaningful way. And keep doing so again and again.
      As Socrates put it, very eloquently: “Education is the kindling of a flame, not the filling of a vessel”.
      This approach towards continuous learning starts with a realization that we are all ‘work in progress’ as leaders. And that our most critical responsibility is to make a difference to others, to support them in reaching summits they aspire to achieve. Otherwise, leadership becomes a journey of self-aggrandizement and a missed opportunity to serve and thereby drive real impact. Chinese philosopher Lao-Tzu wrote of a great leader: “when his work is done, his aim fulfilled, they will say ‘we did it ourselves’”.
      So I hope you embark on your careers with a spirit of ‘servant leadership’, and with an appreciation that no matter what your role or title is, you will make the biggest difference by empowering others and supporting them on their own journey.
      If you remember nothing else from this speech, I hope you will take away the three traits that I believe will differentiate the leaders of tomorrow: a strong sense of purpose, an ability to overcome failure, and grit.
      And that you reflect on how YOU are developing and nurturing these traits and shaping your own career, the life-long journey you are about to embark on.
      Leadership has become a much more challenging pursuit. It demands from each and every one of us
      – a large dose of humility, without which it is impossible to learn and adapt
      – selflessness, without which one cannot empower others and drive real impact
      – tolerance for ambiguity, and
      – the energy and persistence needed to achieve extraordinary results and transform organizations, communities, even countries.

      Of course leadership is a JOURNEY, not a destination. And I know I am not done with my own journey.
      But I am very excited about the road ahead and the endless possibilities to lead that it presents.
      And I hope, you, some of the finest talent this country and region can be proud of, will take full advantage of such opportunities and find a cause you will be committed to, make worthy bets with no guarantee of success and have the perseverance to stick it out when the going gets rough.

      Finally, i would like to wish you the best and the worst in life: the best because you deserve it and the worst because it will always make you even better

      Thank you very much!

    • SE M. Salah Honein
      Ancien député
      Mardi 25 juillet 2017, Sciences humaines
      Discours en PDF

      Mot de S.E.M. Salah Honein à la cérémonie de la remise des diplômes aux étudiants de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation, des Langues et des Sciences religieuses, de l’ILO, de l’ELFS, de l’ILE, l’IESAV, l’ETIB, l’ISSR, l’IEIC, le mardi 25 juillet 2017.

      Monsieur le Professeur Salim Daccache Recteur de l'Université Saint Joseph, Révérends Pères, Membres du Corps Professoral, chers parents et chers diplômés,
      Vercors avait observé que "l’Homme ne sait pas ce qu’il est, ni ce qu’il fait sur terre, ni ce qu’est cet univers dont il est un morceau pensant, ni pourquoi il existe. Ainsi il est capable de savoir et de comprendre mille choses sauf, justement, ce qu’il est lui-même».
      Cependant, nous sommes attachés à la vie quels que soient ses origines, son parcours. Née de la matière, en perpétuelle transformation, aventureuse, façonnée par la réflexion, élevée par l’esprit, cette vie nous inspire par ses émotions ainsi que par les sentiments qui affirment son énergie, et confirment sa force.
      Celles-ci, conjuguées avec une certaine forme d’authenticité, nous permettraient de mieux nous réaliser, dans un environnement plus cohérent.
      Cet effort est déjà important, c’est comme une prise de conscience. Passer outre serait tarir les sources inépuisables qui nous caractérisent, pour les remplacer par des actions limitées à des intérêts mercantiles et imprécis, à des contacts banals, sous des écrans d’opacité qui, avec le temps, deviennent de plus en plus impénétrables, noyant en nous la possibilité de réaliser ce que nous sommes, ce que nous devons être.
      Cette opacité finirait par ternir l’espoir que devrait incarner tout un chacun, elle tairait la vitalité qui nous anime, et ferait de nous des êtres dépourvus de valeurs, celles-là mêmes qui nous élèvent, et nous humanisent.
      Toutefois, ces valeurs doivent être reconnaissables, pour qu’elles puissent être intégrées par chacun de nous. Notre existence devra se construire autour. Elles devront être pressenties, assumées et partagées.
      Notre mission, votre mission chère promotion du Campus des Sciences Humaines, est d’en être porteurs et témoins, pour agir à la mesure de leur importance, en vue de repenser les ressources au profit de tous, et d'assurer un meilleur fonctionnement des structures sociales.
      J’admets que ceci n’est pas chose aisée, à l’ombre d’un ordre mutant qui nous mène inexorablement vers un monde plutôt aride. Un monde qui tendrait à transgresser dangereusement sur les acquis des sciences humaines qui, elles, demeurent le fondement de l’évolution de toute société. Car ne nous laissons pas croire que tout serait accompli par voie d’avancée technologique, ou numérique, et qu’il s’agirait de s’incruster, docilement, dans un monde qui se ferait sans la culture humaniste qui nous est, et, qui vous est si chère.
      Jacques Monod, prix Nobel de médecine, écrivait que l’Homme est, comme tout être vivant, «une machine comparable, dans ses structures fondamentales, aux robots construits par les cybernéticiens».
      A bien considérer cette déclaration, l'enjeu serait donc de ne pas perdre l'âme, et de ne pas se laisser dépasser, voire dominer, par l’envahissante intelligence artificielle.
      La faculté de l’esprit demeurera la pierre angulaire de l’évolution de toute société, afin que celle-ci ne s’engouffre pas dans les abysses d’un monde dépourvu d’humanisme, qui nous échapperait ou, du moins, envers lequel nous aurons failli. Car la spécificité de l’Homme, à défaut d’être un être absolument authentique, serait d’être en perpétuelle évolution et que, dans sa quête de maturité, il demeure unique, digne, enrichissant pour les autres, et qu’il puisse toujours se distinguer par la liberté qui lui est inhérente.
      Il est peut-être vrai que l’Homme avait souvent eu tendance à se laisser aller à ses instincts. Mais, par ailleurs, il a senti et même connu le danger de s’y abandonner sans contrôle. L’instinct cybernétique est bien présent, il ne fait que progresser dans une expansion fulgurante. Il ne s’agit d’ailleurs pas de l’endiguer, tout en meurtrissant la spontanéité de nos élans, mais de le canaliser par la force du discernement, et par la sincérité de l’engagement personnel, afin d'éviter la captivité, ou même l’asservissement.
      Flaubert avait écrit dans son journal « Pourquoi vouloir être quelque chose, quand on peut être quelqu’un ? ».
      Ce n’est que par l’esprit, et la pensée, que l’on conserve notre humanisme, et que l’on demeure quelqu’un. Quelqu’un de libre, libre de ne pas subir, libre de se révolter, libre de comprendre son avenir et de l’assumer, si ce n’est de le contenir.
      Car nous avons le sentiment, aujourd’hui, que ce qui touche au for intérieur de l’Homme passe par une période critique. En effet, ce ne sont pas uniquement des évènements extraordinaires, mais ce sont des bouleversements tellement percutants, qu’ils transforment quelque chose en l’Homme lui-même, et mettent ses valeurs en péril.
      Dès lors, la connaissance et le savoir ne suffisent plus, une conscience alerte et vive sera plus que jamais exigée, et devra s’élever à une nouvelle dimension, pour renforcer l’immunité de l’Homme. La laisser mourir chez les uns, la ferait périr chez les autres.
      Certes, d’autres générations avaient cru, avant nous, que l’époque où elles vivaient marquait un tournant évident de l’Histoire. Sauf que le tournant que nous entamons, cette sorte de révolution numérique, nous semble tellement dramatique, qu’à cet instant précis, l’éveil devient impératif. L’éveil d’un humanisme porteur d’une sensibilité nouvelle, au seuil d’une destinée, ô combien inédite.
      Car le progrès technique, bien que souhaitable, n’a été jusque-là que ce désir inné d’accroître le pouvoir de l’Homme sur son environnement. Il a toujours été question d’un désir de connaissance, et de domination, toujours plus grand.
      Sauf que l’on ressent, de plus en plus, que l’évolution des civilisations ne se mesure plus uniquement à l’expansion de ce pouvoir. Parallèlement, il existe le souci des relations humaines, de l’organisation sociale, politique et économique. Ce souci devra se transformer en défi, auquel l’ingéniosité humaine devra répondre, courageusement.
      Comme à l’époque de la révolution industrielle, où les machines à vapeur avaient bouleversé les infrastructures régnantes, les institutions économiques et sociales, ainsi que l’organisation politique, il faudra gérer aujourd’hui les relations sociales, réorganiser les institutions, et tracer la voie dans laquelle il conviendrait de les faire évoluer.
      Dès lors, le laisser-faire risque de devenir dangereux, car l’intérêt général ne trouve pas nécessairement son bonheur au gré des intérêts particuliers, agités par la frénésie hallucinante de nos capacités techniques, qui ne cessent d'attiser passions et convoitises.
      Alors, œuvrons ensemble pour ce bien universel, et inestimable, qu’est l’humanisme. Communiquons-le, réalisons-le en nous-mêmes, afin d’accompagner cette période de mutation en gardant notre liberté toujours capable de s'accomplir, et de s'affirmer.
      Usons de notre sagesse, savoir, réflexion et conscience, ceux-là mêmes que nous avons cumulés au fil des siècles, et qui ont dégagé les caractéristiques humaines qui nous relient, à travers une communication audible.
      Chère Promotion 2017, votre espace universitaire vous a permis l’épanouissement, la rencontre et le dialogue. Il a pavé la voie à votre engagement dans la société. Cette formation humaniste a su vous assurer une ouverture culturelle sincère envers l’Autre. C’est aussi par le désir de liberté qu’elle a insufflé à votre personnalité, que cette formation a fait de vous des citoyennes et des citoyens, conscients de votre devoir, prêts à joindre le monde de la créativité et du travail, enthousiastes quant à assumer vos responsabilités futures.
      Vous êtes maintenant des femmes et des hommes prêts à participer à la vie de la Cité. Des femmes et des hommes qui préviendront injustices et préjudices, et qui se soucieront du sort de leurs semblables, et de celui de notre Liban, que nous aimons tant. Ce Liban pluriel, d’inspirations multiples et d’ambitions diverses, où l'on se doit de mieux connaître l’Autre, et de respecter son identité.
      Le Liban a longtemps été un lieu de rencontre, de vivre ensemble, d’harmonie et d’enrichissement culturel. Il le redeviendra certainement. Car telle est sa vocation. Car telles sont vos aspirations. Car vous le voulez. Car vous le pouvez.
      Bonne chance et toutes mes félicitations.

      Salah Honein

    • SE M. Nasser Saidi
      Ancien ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, ancier 1er Vice-Gouverneur de la Banque du Liban
      Mercredi 26 juillet 2017, Sciences sociales
      Discours en PDF

      Révérend Père Daccache, Excellences, Chers parents, Mesdames et Messieurs, Représentants de la nouvelle génération Libanaise

      C'est un grand honneur pour moi d'être présent avec vous ce soir, pour cette cérémonie de remise des diplômes en Sciences Sociales. Je tiens premièrement à remercier le Révérend Père Recteur Selim Daccache, le corps professoral et le personnel pour leur dévouement total et leurs efforts inlassables, qui ont permis à des générations successives d’étudiants de réussir dans leur vie et leur carrière. C’est grâce à leur passion, à leurs sacrifices et travail assidu que cette illustre université rayonne et est reconnue comme l’un des meilleurs centres universitaires au Moyen-Orient.
      L’USJ prône l'ouverture et l'acceptation des cultures, des religions et des communautés dans notre petit pays avec sa longue histoire de creuset de civilisations. Cette diversité est la richesse du Liban.
      Je tiens également, en votre nom, à remercier vos parents, vos familles et vos amis qui ont rendu possible votre réussite. Applaudissons-les !
      Vous obtenez vos diplômes dans une période d'incertitude, pourtant intéressante. Aujourd’hui, vous rentrez dans un monde qui subit des transformations majeures et affronte de multiples défis, et une région marquée par de nombreuses lignes de fractures structurelles. La carte géostratégique et économique du Moyen-Orient se redessine.
      La première transformation majeure est le changement climatique. Nous vivons une période où l'activité humaine hausse les températures mondiales de 3 à 4 ° C. Cela peut mener à un « écocide » mondial, à des conflits d'eau et à des dommages économiques permanents, sinon à un effondrement.
      Notre région, avec son taux de croissance démographique élevé, est très vulnérable aux risques de changements climatiques en raison de la pénurie d'eau, d’une désertification croissante, de la concentration des activités économiques dans les zones côtières, et de la dépendance à l'égard d’une agriculture sensible aux variations climatiques.
      La deuxième transformation majeure résulte de l'Intelligence Artificielle (IA), de la robotique, des machines intelligentes, de l'utilisation de « Big Data » et de l'application de Blockchain dans les domaines juridiques, bancaires et financiers, ainsi que dans toutes les activités nécessitant « confiance » et certification. L'IA deviendra omniprésente et fera partie de l'être humain. Les systèmes d’IA géreront le monde numérique et notre espace physique.
      Nous agirons de plus en plus dans des marchés numériques. Nous entrons dans une ère où le papier-monnaie disparaîtra pour être remplacé par des devises numériques. L'IA, Blockchain et FinTech vont radicalement changer, révolutionner, le secteur bancaire et financier. Aurons-nous besoin de banques commerciales et de cartes de crédit pour effectuer des transactions si nous avons des monnaies numériques pour effectuer les paiements ?
      La troisième transformation majeure sera la transformation de l’être humain. La biotechnologie et la bio-informatique, le génie génétique, la robotique et la nanotechnologie révolutionnent les relations entre les humains et la technologie. Les nouvelles technologies seront intégrées dans nos corps, promettant une augmentation considérable de notre capacité et productivité. Nous deviendrons des androïdes, un mélange de robot et d'humains. Ceci soulève la question : l’homme de demain restera-t-il humain?
      De même, l'innovation dans les technologies médicales nous permettra de vivre des vies plus longues et plus saines. En conséquence, l'éducation, l'apprentissage et le rôle des écoles et des universités devront être repenses et transformés. Que puis-je apprendre à l'université qui pourrait durer pendant une vie professionnelle de 60 ou 70 ans ? Quelles connaissances seront durables ? Vous devrez investir en vous-même tout au long de votre vie afin d'éviter tout risque d’obsolescence ! La quatrième transformation majeure est le déplacement
      tectonique du centre économique et financier mondial vers l'Asie et les marchés émergents. Aujourd’hui, un nouveau monde multipolaire émerge. D'ici 2050, la Chine et l'Inde seront les plus grandes économies du monde et six des sept plus grandes économies du monde actuel seront des économies émergentes.
      La Chine bétonne la route de la soie du XXIème siècle, qui intégrera les économies d'Asie et s'étendra au Moyen-Orient, allant jusqu’en Europe. Ce changement du pouvoir économique se traduira aussi par un déplacement du pouvoir politique et géopolitique vers l'Asie et les pays émergents.
      En tant que diplômés en droit, en sciences politiques, en économie et assurance, vous devrez vous interroger : Comment gouverner et transformer nos sociétés, nos économies et nos pays pour affronter ces défis ? Quel est le rôle de l'État-nation ? Quelles lois et éthiques régiront les droits des robots humanoïdes, mi- humains mi- machines ? Que restera-t-il aux êtres humains supplantés par des machines intelligentes, et qui apprennent automatiquement ? Dans un monde robotisé, de machines intelligentes, serons-nous confrontés à un chômage grandissant et à des inégalités croissantes, ou à plus de prospérité et de loisir ?
      Nous nous réunissons aujourd'hui dans un temps marqué par un paysage régional fracturé. Plusieurs pays de la région passent par une période de turbulence, de transition et de transformation. La tempête de feu arabe - et non pas le 'Printemps Arabe’- a révélé de nombreuses lignes de faille. Un échec des institutions et de la gouvernance, l'absence de démocratie et la répression des libertés individuelles, des droits de l’homme et des droits civils, et le gouffre dans les droits et le rôle des femmes qui font face à une discrimination répandue.
      Notre État n'a pas réussi à protéger leurs droits fondamentaux, et les femmes continuent à être victimes de discrimination dans toute activité professionnelle et même dans leur statut personnel. Dans les pays en développement similaires, le discours vise à réduire les écarts de rémunération entre les sexes, alors que nous n'avons même pas égratigné la surface d'une politique de genre équitable.
      Nous avons besoin d'une nouvelle vision pour notre région afin de lutter contre l'extrémisme, contre les forces réactionnaires politiques et de la société. Une nouvelle vision qui révisera le rôle des gouvernements dans nos économies, encombrées par des bureaucraties et des entreprises publiques inefficaces, ainsi que par des lois et règlementations périmées qui constituent des entraves à l'innovation et à la concurrence.
      Nous devons nous diriger vers la laïcité, la séparation entre la religion et l’État. L'égalité des droits signifie une affirmation des droits civils et humains indépendamment des accidents de naissance, de sexe, de race, de religion, de secte ou de communauté.
      Nous devons confronter les sources sous-jacentes de l'extrémisme en luttant contre le chômage et la pauvreté des jeunes, en assurant un développement économique inclusif et en éliminant la corruption et la mainmise des intérêts particuliers sur l'État.
      Notre propre Liban est confronté aux mêmes lignes de faille. Une vie politique dysfonctionnelle, la corruption généralisée, le gaspillage et le népotisme sont en train de saper la confiance dans l'État et dans ses institutions. Le Liban est classé 136ème sur 177 pays en matière de corruption. Les réformes des politiques budgétaires, financières et monétaires, les réformes sectorielles, notamment au niveau des services publics (électricité, eau), du transport et de l’éducation, ainsi que la réforme de la sécurité sociale sont maintenant une haute priorité. Mais ces réformes ne peuvent être menées à bien qu'avec des réformes politiques et institutionnelles, y compris une réduction de la taille du secteur public.
      J'ai souligné les lignes de failles et le besoin de réformes profondes parce que vous devez devenir les agents du changement et les champions des réformes. Le capital humain que vous avez acquis dans cette prestigieuse université (l'USJ), vos ambitions, vos compétences entrepreneuriales et créatives détermineront l'avenir de nos institutions politiques, juridiques, économiques et sociales. Le Liban que vous lèguerez à vos enfants sera façonné par le courage que vous démontrerez pour bâtir un pays démocratique, moderne, technologiquement avancé et compétitif sur le plan économique. N'hésitez pas à vous engager et à vous investir. Pour citer l’homme d’Etat et philosophe romain Cicéron : "La liberté est la participation au pouvoir".
      Vous entrez dans un monde où le savoir et le capital humain sont les principaux moteurs de la croissance et de l'innovation. Le savoir est le fondement de la croissance économique et de la prospérité, ainsi que le nivellement de l'inégalité au sein des pays, comme entre pays. Le futur du Liban réside dans une économie et société basées sur la savoir. Mais, comment aller de l'avant ? Quelle est la stratégie à adopter ? Nous devons investir massivement dans l'infrastructure et la logistique, dans les nouvelles technologies et les systèmes d'information numérique afin de participer activement aux quatre transformations majeures qui se dérouleront au cours des prochaines décennies : Les énergies renouvelables et les technologies propres, les sciences de la vie, l’IA, la robotique, le Blockchain, le FinTech et les nanotechnologies
      Vous devez être la source de nos institutions numériques, des lois et règlementations qui permettront au Liban de développer sa propre « Silicone Valley ». L’économie, l'assurance et la gestion des risques du climat seront des domaines en plein essor dans les prochaines décennies. Les pays du MOAN auront besoin de plus de 200 milliards de dollars en investissements dans les énergies renouvelables. Le Liban pourrait devenir le centre de financement des énergies renouvelables et des technologies propres.
      Le Liban doit poursuivre une stratégie d'intégration régionale et internationale. Nous ne sommes pas encore membres de l'OMC – tout comme l'Afghanistan, le Bhoutan, l'Éthiopie, le Libéria, les Comores, le Soudan, la Guinée équatoriale et le Yémen, et ce malgré le groupe de travail créé en avril 1999 ! Nous devons avancer dans la signature d’accords de libre échange et d'investissement pour nous intégrer dans la nouvelle Route de Soie, ainsi que dans les chaînes d'approvisionnement en plein essor émergeant de la Chine et des pays de l'Asie.
      Permettez-moi de féliciter l'USJ qui a été le pionnier de l'excellence, de l'innovation et des nouvelles technologies grâce, entre autres, à Berytech, l'incubateur principal, l'accélérateur et l'investisseur dans les start-ups et les entreprises créatives du Liban dans les domaines de la santé, les technologies numériques et les nouvelles technologies, y compris l’AgryTech.
      Berytech devrait englober tout le Liban. C’est à vous d’être les créateurs, les architectes et les promoteurs de "LibanTech". Cela nécessitera un partenariat dynamique entre les laboratoires, les universités et instituts de technologie, le gouvernement, le secteur privé, la société civile et le grand public.
      A tous et particulièrement à vos parents, j’adresse mes compliments et mes sincères félicitations. Cette confiance que nous manifestons aujourd'hui de façon tangible en vous remettant un diplôme, nous voulons également la manifester à l'égard de votre avenir, un avenir que je vous souhaite rempli de succès et de satisfaction personnelle et professionnelle.
      N'oubliez surtout pas d'être généreux dans la vie et de donner de vous-même et de ce que vous possédez. Rappelez-vous ce mot de Périclès que « Ce que vous laissez derrière vous n’est pas ce qui est gravé dans les monuments de pierre, mais ce qui est tissé dans la vie des autres. »

      Permettez-moi, R.P Daccache, de vous emprunter votre pouvoir de bénédiction afin de terminer mon allocution par une bénédiction tirée d’une partie de mon patrimoine (Irlandais) :

      « Que les chemins que vous emprunterez se lèvent avec vous
      Que les vents vous soient toujours propices
      Que le soleil vous réchauffe l’âme
      Que la pluie arrose vos champs
      Et en attendant de nous rencontrer à nouveau,
      Que Dieu vous tienne au creux de Sa Main. »