Monseigneur Silouane Moussi

Ingénieur de formation… métropolite en mission.
Mai 2021

Article paru dans la revue de l'ESIB Excellence, numéro 1 (2019-2020).

« Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Jean 14:6

C’est par ces paroles que le Seigneur répondit à Saint Thomas quand il lui demanda comment connaitre le chemin. Le fait de trouver son chemin dans la vie est une question que tout être humain se pose à un moment ou à un autre. Cependant, le chemin du Christ reste sans nul doute la meilleure réponse à cette question. Voici l’histoire d’un ingénieur, ancien élève de l’ESIB, qui a trouvé son chemin et a choisi de faire du Christ le centre de sa vie.

Monseigneur Silouane Moussi, Métropolite grecorthodoxe du Mont-Liban, Byblos et Batroun est un ancien élève de l’ESIB, diplômé en 1990. Son histoire est pertinente parce qu’elle est marquée par son passage de la vie professionnelle à la vie spirituelle. Lors de notre rencontre, Monseigneur Moussi nous raconte son choix qui se rapporte au fait de faire une formation en ingénierie « J’aimais l’ingénierie, beaucoup de mes proches sont des ingénieurs civils, mais j’aimais également beaucoup servir la communauté. Quand le temps était venu de faire un choix, j’en ai discuté avec ma mère et elle m’a conseillé d’expérimenter en premier lieu la vie. Je l’ai fait, pendant 10 ans, pour ensuite décider qu’il était temps que je me mette au service de la communauté et de l’église. Je savais ce que je voulais et j’ai pu prendre cette décision avec une maturité plus grande après toutes ces années passées. » C’est donc en 1985, durant la guerre, qu’il présente son dossier à l’ESIB, à l’AUB et à l’UL et qu’il réussit tous les concours d’entrées. Son choix se portera finalement sur l’ESIB. Sa vie universitaire est marquée par la guerre et la solitude puisqu’il vivait loin de ses parents qui habitaient à Tripoli et que les transports devenaient de plus en plus compliqués. Malgré tout, il se lie d’amitié avec ses camarades de promotion. Il les perdra de vue après avoir vécu à l’étranger pour une période de 23 ans ; l’internet n’étant pas encore en vigueur pendant les premiers temps, mais il aura toujours de leurs nouvelles grâce à un ami. Mais revenons un peu en arrière, il obtient donc son diplôme en génie informatique en 1990 et il décroche ensuite un travail à Beyrouth comme programmeur de logiciels pour les domaines financiers dans les pays arabes puis dans une compagnie de programmation pour les pays d’Europe. Il travaillera en tout pour une durée de cinq ans pour ensuite décider d’entreprendre ses études en théologie. « J’étais arrivé à un stade où il fallait impérativement prendre une décision. Je gravissais les échelons dans mon travail mais en même temps j’avais cette autre voie que je souhaitais prendre. Je savais que le choix que je prendrais serait irrévocable, j’ai donc choisi de servir l’Église. » En effet, en 1995, Monseigneur Moussi entreprend des études en théologie par correspondance puis en septembre, il obtient une bourse en Grèce pour continuer sa licence en théologie. En parallèle avec sa dernière année, son diplôme d’ingénierie déjà obtenu à l’ESIB lui permet de faire un master en théologie en même temps que sa licence, c’est ainsi qu’il obtient les deux diplômes en même temps. Suite à cela, il part pour la Syrie pour une courte durée, ensuite en Australie pour une durée inférieure à un an, avant de revenir en Syrie. C’est en 2006 qu’il devient évêque en Argentine. En 2018, de retour au Liban, il sera alors Métropolite.

Tout au long de son parcours spirituel, il utilisera les outils développés lors de sa formation à l’ESIB qui lui permettent d’avoir un bon sens de l’organisation et de penser logiquement. Il mettra en avant ses compétences en informatique pour compléter un site web quand il était en Syrie. Au Liban, il entreprendra dès sa venue plusieurs démarches, notamment, celle d’aller rendre visite aux nombreuses paroisses, mais également aux prêtres et aux diacres dans leurs maisons afin de rencontrer leurs familles. Il accomplira également beaucoup de tâches administratives et pendant la période des vacances, il rendra visite aux différents camps organisés dans les paroisses pour rencontrer les jeunes.

Quand on lui demande de s’adresser aux jeunes en quelques mots, Monseigneur Moussi nous répond en nous parlant des deux différentes mentalités qu’il a perçues chez les jeunes Libanais. En effet, entre octobre et février, il perçoit chez les jeunes un désir de rester au Liban et de faire en sorte que chacun mette ses ressources en place pour bâtir un futur dans lequel tout le monde s’entraide. Cependant, lors de la pandémie du covid-19 et de la grande crise économique qui l’accompagne, cet esprit a changé chez les jeunes et ils sont à présent enclin à quitter le pays. Monseigneur Moussi appuie néanmoins l’idée que ce pays est un pays dans lequel on peut vivre : « Je pense que le Liban est un pays dans lequel on peut vivre malgré toutes les difficultés, et il faut qu’on apprenne à remercier le Seigneur pour ce qu’on a. » Il conclut en donnant aux jeunes quatre conseils précieux : « Ayez toujours foi en Dieu, apprenez à Le remercier toujours, soyez modeste et vivez dans la joie. » En appliquant ces quatre principes, l’Homme peut vivre heureux n’importe où.