« Les élections, porte d’entrée pour le changement et la bonne gouvernance »

Vendredi 11 février 2022
Collaborateurs
  • Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS)


Dans le cadre du Forum de la bonne gouvernance, l’Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance (OFP) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer (KAS) et en présence du ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui, a organisé une conférence intitulée « Les élections, porte d’entrée pour le changement et la bonne gouvernance ». La conférence comprenait deux sessions : la première, intitulée « Les élections législatives, un acte démocratique pour le changement et l’application de la bonne gouvernance », et la seconde, « Les élections municipales, un outil pour parvenir à la participation et à la bonne gouvernance ».

Lors de la cérémonie d’ouverture, le directeur de l’OFP, le professeur Pascal Monin, a estimé qu’il n’y a pas d’exagération en disant « que les prochaines élections municipales et parlementaires attendues sont les plus importantes depuis des décennies, et certains disent même depuis la naissance du Liban. Elles le sont parce que le Liban traverse une crise existentielle et que les Libanais sont invités à choisir quel Liban ils veulent. Veulent-ils le Liban, ce pays démocratique qui aime la vie, où les citoyens luttent pour y vivre, où le gouvernement est la référence et où aucun pouvoir n’est au-dessus de son autorité »? « Je répète la question que se posent la plupart des Libanais : les conditions requises pour réaliser le changement sont-elles disponibles, quelques mois avant la date des élections ? a demandé M. Monin. Les élections peuvent-elles cristalliser les pouvoirs de changement représentés par la société civile et l’élite intellectuelle ? Dans quelle mesure la loi électorale actuelle permet-elle des changements ? »

De son côté, le représentant au Liban de la Fondation Konrad Adenauer (KAS), M. Michael Bauer, a déclaré : « La démocratie concerne la participation politique, et cela signifie que ceux qui sont gouvernés, qui doivent obéir à certaines lois et suivre certaines politiques, devraient avoir un mot à dire dans la formulation de ces politiques et lois. Et le moyen le plus évident de le faire est par le biais d’élections qui sont essentielles pour légitimer ou, si nécessaire, écarter les décideurs politiques, et pour choisir entre des alternatives politiques et des programmes politiques alternatifs. »

Quant au recteur de l’USJ, Pr Salim Daccache, s.j., il a déclaré qu’« aujourd’hui, nous conjuguons entre la mission d’une université, qui est l’enseignement et la recherche, et son engagement envers les enjeux du pays. Les élections sont un enjeu national essentiel sur lequel nous devons nous pencher. Et l’université est le meilleur endroit pour le faire, car elle permet aux participants de s’exprimer et de partager leurs idées afin d’organiser des élections bénéfiques ». Et de poursuivre : « Si nous voulons appliquer la bonne forme de démocratie, nous devons faire quelques changements. Ce changement ne devrait pas intervenir après les élections, mais avant et pendant. Notre espoir est que ces prochaines élections soient l’occasion d’éliminer la corruption et de ne pas nous noyer plus profondément dans l’effondrement. »

Clôturant la cérémonie d’ouverture, le ministre Bassam Maoulaoui a déclaré : « Des élections parlementaires transparentes sont une porte d’entrée démocratique vers le changement et le renforcement des bases de la bonne gouvernance. Le gouvernement libanais s’est engagé dans sa déclaration ministérielle à organiser ces élections. Je me tiens devant vous aujourd’hui pour réitérer le plein engagement du ministère de l’Intérieur à organiser ces élections, et la preuve en est la décision prise par le ministère de former des commissions à cet effet. »

Après les deux sessions, le Dr Tarek Mitri, ancien ministre, a conclu la conférence en donnant quatre remarques sur les discussions qui avaient eu lieu. La première est que « notre loi électorale actuelle ne nous aide pas, nous les citoyens, à prendre des décisions politiques ». La deuxième remarque concerne les opportunités de changement. « Ce qui compte dans les élections, c’est la transition vers la démocratie. Les élections sont un outil, et les urnes ont été mises sous le feu des projecteurs comme arbitres des différends entre les peuples, mais en fin de compte, c’est un outil de la démocratie. Il n’y a pas d’avenir pour la démocratie sans une véritable séparation entre le gouvernement et l’autorité », a-t-il dit. La troisième remarque est que « nous adoptons une loi électorale qui ne conduira pas nécessairement à de nouvelles personnes au pouvoir car elle tourne autour du sectarisme et nous pousse vers des choix traditionnels. » Quant à la quatrième remarque, M. Mitri l’a résumée en disant que « les prochaines élections pourraient amener de nouvelles personnes au pouvoir, même si les candidats partisans du changement n’ont pas encore été reconnus. Mais élire de nouvelles personnes, ce n’est pas strictement choisir les bons candidats, mais c’est mettre à jour la politique et ses modalités de candidature. Jusqu’à présent, aucun nouveau langage politique nous conduisant vers l’avenir n’a fait surface. »