La Brigade littéraire à l’USJ

Vendredi 28 octobre 2022

C’est une brigade qui s’est déployée sur les territoires de quatre Campus de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), le vendredi 28 octobre 2022. Mais il n’était point question d’attaques, d’encerclements, de retraites ni d’autres manœuvres militaires. Il s’agissait, au contraire, de s’approcher gracieusement d’un attroupement d’étudiants, d’arrêter aimablement un groupe se rendant à une salle de cours ou de se faufiler tout en douceur dans une cafétéria pour lire un poème, raconter un conte folklorique ou « slamer » un texte.

C’est en recevant, dans le cadre du Festival du livre, l’organisation canadienne La Brigade littéraire, formée par Thomas Langlois, Nora Atalla et Jacques Hébert, que l’USJ « a vibré aux sons du Festival et à ceux des diverses francophonies », selon le vice-doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines et le chef du Département de lettres françaises, Karl Akiki.

Le slam

La « campagne » de la Brigade a commencé dans le hall du Campus des sciences humaines de la rue de Damas, avec Thomas Langlois qui, en bon slameur, a investi cet espace pour déclamer son poème à coup d’argot québécois et de néologismes, mis au service d’une rythmique qui se situe entre la diction et le chant. Devant 200 lycéens venus assister à une rencontre avec l’auteur Sabyl Ghoussoub, le poète du slam a interprété ses créations, ce qui lui a permis de donner de la portée à ses engagements. « Ma poésie je l’écris, pour qu’elle soit entendue et vue, explique Langlois, le slam est la poésie de la scène ».

La poésie

Pour Nora Attala, la lecture de ses poèmes devant les étudiants, relève de sa longue quête de racines.  « Je suis née au Caire et j’ai grandi au Québec. Ma mère est gréco-libanaise, mon père libano-franco-géorgien. En 2009, je suis retournée pour la première fois en Égypte afin de marcher dans les pas de mes ancêtres et ça m’a inspiré le recueil Hommes de sable, que je suis en train de lire devant les étudiants de l’USJ ». 

Nora n’a pas cédé à la tentation du spectacle, mais ses mots n’étaient pas moins chargés d’une juste émotion qui a pu stimuler les auditeurs des divers Campus, surtout qu’elle n’en est pas à son premier échange avec les Libanais. « En 2013, explique Attala, je suis venue au Liban, j’ai loué une voiture et j’ai fait la tournée de tout le pays en deux mois. J’ai pu comprendre le vécu social, économique et politique des Libanais. J’ai visité Aytoulé dans le caza de Jezzine, village des ancêtres de ma mère, et Damour, là où mon grand-père a été assassiné pendant la guerre ».

Le conte

En mimant, par le mouvement de ses mains, une danse aérienne d’un papillon en compagnie d’un colibri, Jacques Hébert a raconté, de son côté, une histoire aux étudiants. Ils ont apprécié cette dimension performative, offrant une occasion précieuse de rencontre entre la littérature et le public. Caren Ghantous, étudiante en 3e année de nutrition, a estimé que « cette façon de transmettre peut nous encourager à flirter avec la littérature qui, d’habitude, ne nous intéresse pas ». Gilbert Kamel, étudiant à la Faculté de sciences économiques a estimé, pour sa part, que « l’importance de cet évènement réside dans l’interaction intellectuelle qu’il provoque ; qui plus est, elle est en langue française».

La Brigade a été accompagnée sur les Campus des sciences humaines, sciences médicales et sciences sociales et sur le Campus de l’innovation et du sport, par Rami Zein, enseignant au Département de lettres françaises et romancier ;  le résultat fut, selon Karl Akiki, un « moment flottant, hors du temps », qui aura lieu également à l’Université américaine de Beyrouth et à l’Université libano-américaine.    

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