OLJ du jeudi 13 mars 2025
Julia IDRISS, Batoul FARÈS et Mayssa DOUEIK, du Lycée Al-Safir de Ghazieh
« Elle mériterait d’être ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, voire ministre de la Jeunesse. » Lorsqu’on s’approche des abords du Campus du Liban-Sud de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), à Bramiyé, les compliments fusent sur la maîtresse des lieux, la professeure Dina Sidani : « C’est une source d’inspiration pour moi », nous dit Georges Saab, un étudiant en première année d’ingénierie.
« C’est de ce genre de personnes dont le Liban, et notamment le secteur éducatif, a besoin. Elle est très proche de nous et représente un soutien, tant sur le plan moral que financier, qui est très important pour nous », poursuit-il.
Bien qu’elle ait rencontré de nombreux obstacles au cours de sa vie, Dina Sidani, née à Cotonou au Bénin, a appris à transformer chaque défi en opportunité, tout en conservant un optimisme qui a toujours résisté au chaos dans lequel le Liban a été plongé au fil des ans, à l’instar du conflit qui oppose Israël et le Hezbollah au Liban-Sud depuis le 8 octobre 2023.
Parcours professionnel remarquable
Dina Sidani a étudié dans un lycée privé au Niger, puis est partie pour la France à l’âge de 17 ans pour y poursuivre ses études supérieures. Elle souhaitait alors réaliser le rêve de son père : devenir pharmacienne. Consciente des sacrifices nécessaires pour atteindre cet objectif, elle s’était engagée sur ce chemin avec détermination, aspirant à voir la fierté briller dans les yeux de son père. Cependant, ne se sentant pas dans son élément dans ce domaine, elle a choisi de se réorienter vers la gestion, le management et le marketing, suivant sa passion et ses aspirations personnelles.
« Mon choix de la gestion s’est basé sur mon quotidien. Depuis mon enfance, j’ai appris à gérer chaque situation selon ma nature, ma personnalité et surtout, avec le recul nécessaire, à gérer toute prise de décision », confie-t-elle. Après son retour au Liban en 2000, Dina Sidani occupe le poste de préfet d’un établissement scolaire et poursuit des études doctorales en « leadership ». Elle commence à enseigner à l’USJ en 2008 et occupe, depuis septembre 2014, le poste de directrice du Campus Liban-Sud de l’USJ. Ce qui la distingue particulièrement, c’est son engagement sans faille dans la mission qu’elle s’est fixée ainsi que dans les relations privilégiées et valorisantes qu’elle entretient avec ses anciens étudiants et les partenaires du Campus. Elle incarne ainsi un modèle de réussite et de résilience, inspirant tous ceux qui croisent son chemin.
Femme d’influence
Dans le contexte de la diversité culturelle et spirituelle du Liban-Sud, une figure éminente émerge : une femme engagée qui œuvre pour le dialogue interculturel. Riche de ses expériences culturelles liées à ses nombreux voyages en Afrique et en France, Dina Sidani, dans la lignée de la mission de l’USJ, sensibilise les étudiants à l’importance du dialogue interculturel, essentiel pour renforcer les compétences de communication dans une société plurielle comme le Liban.
Au-delà de son engagement académique, cette femme dévouée s’investit également dans des actions concrètes pour soutenir la région. Lancé par l’USJ, un programme de bourses et de solidarité est destiné aux étudiants des trois Campus régionaux de Zahlé (Békaa), Tripoli (Liban-Nord) et Saïda (Liban-Sud), dans le but de lutter contre le dépeuplement, de former les ressources humaines et de revitaliser la région. Engagée pleinement dans ce programme, Dina Sidani invite tous les étudiants de la région du Liban-Sud à en profiter pour leur offrir l’opportunité de poursuivre des études de qualité dans l’une des universités les plus prestigieuses du pays, rendant ainsi l’éducation accessible à toutes les classes sociales de la région.
Sidani affirme que ce programme constitue un «facteur de motivation pour les jeunes» qui leur permet de « surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés », notamment les ressources financières et les débouchés professionnels limités dans les zones rurales. En tant que femme engagée, Dina Sidani incarne l’espoir et le changement pour une société plus inclusive et prospère, où chacun, indépendamment de son genre ou de sa religion, contribuerait au bien-être collectif.
Quel message adresser aux jeunes Libanais ?
Lors de notre entretien, Dina Sidani a délivré un message puissant sur la résilience
face aux défis de la vie. « La vie n’est pas toujours rose », a-t-elle déclaré dès ses premiers mots. Mais, selon elle, « il n’y a pas de problèmes, mais des solutions à trouver. Tous les obstacles ont leurs solutions grâce à la foi que l’on a en ses propres ressources ».
Elle souligne également l’importance d’être à l’écoute des autres pour développer sa propre capacité d’empathie. Elle a aussi rappelé que la famille reste un facteur d’équilibre personnel et essentiel à une bonne réussite professionnelle. Enfin, elle a conseillé aux jeunes de donner le maximum, de faire toujours plus, d’être toujours actif, et tout cela avec le sourire. Dina Sidani a conclu par une phrase touchante qui a marqué les esprits : « Je suis au service des jeunes et pour les jeunes, pour les encourager à croire en leurs rêves et pour les accompagner dans la réalisation de leurs rêves. »
Le message de Dina Sidani résonne ainsi comme un appel à l’action, invitant chacun à cultiver la sagesse, l’espoir et l’amour de soi et des autres pour naviguer à travers les défis de la vie.