Cérémonie d’ouverture du séminaire international sur « L’administration publique et la construction de l’Etat de droit dans une perspective comparée »

La cérémonie d’ouverture de ce séminaire a eu lieu le 14 décembre 2016 à l'Amphithéâtre Gulbenkian du Campus des sciences sociales
Mercredi 14 décembre 2016
Amphithéâtre Gulbenkian - Campus des sciences sociales

L’Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance a organisé un séminaire international intitulé « L’administration publique et la construction de l’Etat de droit dans une perspective comparée ». La cérémonie d’ouverture de ce séminaire a eu lieu le 14 décembre 2016 à l'Amphithéâtre Gulbenkian du Campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ). Etaient notamment présents : Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l’USJ, Mme Fadia Kiwan, directrice de l’Observatoire, Pr Ibrahim Najjar, M. Hervé Sabourin, directeur du Bureau Moyen-Orient de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), M. Nabil De Freige, ministre d’Etat pour la réforme administrative, recteurs d’université, vice-recteurs, doyens et directeurs de l’USJ, étudiants, enseignants et amis. Mme Fadia Kiwan a rappelé à cette occasion qu’à « l’issue des activités qui célébraient le 140e anniversaire de l’Université, le Père recteur, le Pr Salim Daccache s.j. a demandé de réfléchir au rôle que l’Université pouvait encore aujourd’hui jouer au service de la communauté nationale et de l’Etat, après avoir été aussi mêlée aux péripéties de sa formation. » et d’e poursuivre: « nous avons essayé de croiser cet objectif avec deux soucis récurrents des sciences sociales : contribuer à la modernisation de l’Etat et se rendre utile dans l’élaboration des politiques publiques. L’objet privilégié de notre réflexion était tout trouvé : la professionnalisation des agents du service public et le renforcement et valorisation de la fonction publique. Pour cela, un état des lieux devenait inévitable. Voilà un des motifs de ce séminaire. » « A travers la recherche scientifique sur l’Etat, sur le service public, sur les politiques publiques, à travers la formation des hauts cadres de l’Etat à la réflexion stratégique, nous pouvons affirmer pouvoir développer des valeurs citoyennes et contribuer à la consolidation du Bien commun dans nos sociétés. » a –t-elle conclu. De son côté, Pr Salim Daccache s.j., a déclaré : « nous voulons que ce séminaire soit plus qu’une rencontre qu’on peut facilement oublier, qu’il soit en réalité, au vu des noms qui y participent et qui prendront la parole, un événement marquant qui laisse ses traces de rénovation, de changement et de transformation moderne de notre administration publique libanaise » ajoutant que « cette conviction qui nous a motivés à l’USJ de lancer un tel observatoire, non pour espionner l’administration publique mais pour en observer les meilleures pratiques et modèles, a ses racines dans l’histoire ancienne de notre université qui a donné à l’État ses meilleurs commis ; et l’on constate que nos diplômés d’aujourd’hui ne courent pas spontanément vers ce service public de l’État et ne sont pas peut-être suffisamment formés pour s’intégrer à la fonction publique. » « nous voulons, a-t-il poursuivi, à l’Université Saint- Joseph de Beyrouth, demeurer au service de l’État et de son administration publique car l’une des missions de l’Université de nos jours est d’être un acteur et un moteur de développement à tous points de vue tel que prévoit l’un des axes stratégiques du plan quinquennal mis en place par l’Agence universitaire de la Francophonie, notre partenaire pour la mise en place de ce séminaire international. « Pour terminer je voudrais voir dans ce séminaire un pas en avant pour la promotion de la bonne gouvernance. Notre jeunesse nous presse pour aller dans ce sens. Rappelons un principe de base : Dans la communauté des nations, on considère que la gouvernance est bonne et démocratique dans la mesure où les institutions et procédés d’un pays sont transparents. » a-t-il conclu. Ensuite M. Hervé Sabourin a souligné : « cette initiative de création d’un observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance répond donc parfaitement aux principes, aux valeurs et aux objectifs affichés par notre agence et c’est pour cela que l’AUF est si heureuse d’y apporter son soutien. Puis il a félicité l’Université Saint-Joseph et son père Recteur, pour un projet qui, une fois de plus, honore l’ensemble de sa communauté universitaire, étudiants, enseignants, chercheurs et personnels, par son originalité et sa grande qualité. » Et d’ajouter : « Si le rôle d’un observatoire est souvent de permettre de dresser des états de lieux du domaine choisi, d’analyser les données, les pratiques et les évolutions des systèmes en place, il est aussi et peut-être surtout de proposer des perspectives et en cela la recherche universitaire y trouve tout son sens, la recherche source d’innovation et de création qui rend compte des évolutions de nos sociétés et de leur complexité et dont l’essence même est de proposer des réponses aux nombreux défis sociétaux auxquels nous devons faire face. » Puis, M. Nabil De Freige a indiqué : « L’opinion publique libanaise est devenue de plus en plus sensible aux comportements « inappropriés » de ceux qui sont censés être les garants de l’édification d’un Etat de Droit ». Certains ont considéré que « les limites entre la moralité et l’immoralité se sont largement estompées, et que le seuil de perception sociale de la corruption (petite ou grande) semble avoir été largement dépassé. La « petite » corruption est passé de l’invisible au visible (et même à l’excès de visibilité) ». Pour ces raisons, il serait nécessaire de s’intéresser aux conclusions du sociologue Edgar Morin qui préconise l’adoption d’une sorte de conception néo-confucéenne dans les carrières de l’administration publique et de promouvoir un mode de sélection prenant en considération les valeurs morales du candidat, ses aptitudes à la bienveillance, à la compassion, son dévouement au bien public, et son souci de justice et d’équité. Et de conclure qu’une réforme éthique demeure indispensable vu que « la régénération de l’éthique est indissociable d’une régénération démocratique » Enfin, Pr Ibrahim Najjar a résumé son intervention par ce qui suit : « Le Liban n’est plus un modèle de « la fonction publique et de la bonne gouvernance » Il fut un temps où la magistrature comptait dans ses rangs la fine fleur de nos juristes, où l’idéal républicain incitait à s’engager dans les forces armées, où l’administration faisait autorité où les impôts – déjà allégés – étaient plus ou moins perçus. Depuis 1975, le désordre est établi ; la déliquescence s’est progressivement instillée dans les rangs des bénéficiaires de la manne étatique. Le clientélisme a envahi les rangs des services publics. L’Etat libanais est certes « le patron » de la fonction publique. Mais avec le temps, le Libanais s’est rendu à l’évidence : les clivages communautaires, confessionnels, régionaux, politiques ont miné les rouages de l’Administration. L’Administration va donc mal. Il faut intervenir. C’est une problématique pour tous les pays. Deux démarches paraissent évidentes : il faut parer immédiatement aux mesures conjoncturelles et s’attaquer aux reformes structurelles. Les mesures peuvent être partielles ou temporaires ; les réformes font appel à une conception moderne de l’Administration et des rouages de l’Etat. Il faut relever ces défis. Il faut que l’Etat existe. »