« Soin et communication »

Deux journées de conférences, de tables rondes et d’ateliers, à l’issue desquelles une grande équipe de professionnels de la santé et des soins aux patients a émis neuf recommandations.
Vendredi 8 et Samedi 9 mars 2019
Campus des sciences médicales

La Faculté de médecine et l’Institut supérieur des sciences religieuses (ISSR) de l’USJ ont organisé un colloque intitulé « Soin et communication », en partenariat avec la Faculté des sciences infirmières, l’Institut de physiothérapie, l’Institut supérieur de santé publique et l’Ecole libanaise de formation sociale. Sous le thème « Soigner la communication dans le monde de la santé », une grande équipe de professionnels de la santé et des soins aux patients s'est réunie au Campus des sciences médicales, rue de Damas, pour discuter pendant deux jours, des moyens visant à améliorer la communication dans le monde des soins médicaux et de santé.

Dans un mot prononcé lors de la cérémonie d’ouverture du colloque, qui s’est tenue en présence notamment de Mgr Maroun Ammar, Président du Comité épiscopal pour les soins de santé au Liban, le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, a donné quelques exemples de ce que peut être la communication de la santé.  « Un chercheur, selon le Pr Daccache, avait souligné que la communication pour la santé s’exerce dans les contextes multiples suivants : une relation patient-prestataire de services ; une recherche d’informations sur la santé par un individu ou un groupe ; une adhésion d’un individu ou d’un groupe à un traitement ou à des recommandations spécifiques ; une élaboration de campagnes de sensibilisation destinées au grand public ; une conscientisation aux risques pour la santé associés à des pratiques ou à des comportements spécifiques ; une diffusion dans la population d’une certaine représentation de la santé ; une diffusion de l’information relative à l’accessibilité aux soins de santé ; une communication auprès des décideurs afin qu’ils modifient l’environnement. »

Le Pr Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, a estimé que pour avoir une communication efficace dans le monde de la santé, il faut s’occuper de « tous les travailleurs dans ce secteur et des patients et de leurs familles. » « L'éthique, enchaine Pr Tomb, est nécessaire dans le domaine des soins médicaux car c'est un gage de qualité et une garantie de bonnes pratiques. » Il a encouragé tous les hôpitaux à « établir un comité d'éthique médicale afin d'obtenir une accréditation ».

« Face aux soins complexes, affirme de son côté Dr Rima Sassine Kazan, doyen de la Faculté des sciences infirmières, et aux exigences du système qualité et à l’introduction de nouvelles technologies qui ont imposé l’utilisation de nouveaux moyens de communication tels que l’Internet et la télévision de santé, la charge augmente pour les infirmières, ce qui a entraîné une modification de la nature de leur travail à la Faculté ».

Le P. Edgar el-Haiby, directeur de l’ISSR, a pris soin dans son intervention d’expliciter le sens des deux axes qui constituent le thème du colloque. « Prendre soin de, affirme-t-il, c’est avoir le souci de bien faire, et de dépenser l’effort requis et la peine nécessaire pour le faire. L’on soigne alors quelque chose qu’on apprécie, à laquelle on s’intéresse, une chose qui, au moins à nos yeux, a une valeur. (…) Dans le cadre qui nous réunit ici, il s’agit des valeurs de la vie, de la santé et de la personne humaine. L’on ne parle pas seulement de la personne malade, bien qu’elle occupe le centre du monde de la santé, mais aussi de toute personne impliquée dans le monde de soin. »

« D’un autre côté, enchaine le directeur de l’ISSR, « communiquer », au premier sens du terme, signifie rendre commun, faire part, transmettre. C’est justement à ce titre que la communication dans le monde de la santé, loin d’être une simple approche à la mode à l’époque des révolutions techniques, sociales et professionnelles, s’impose en tant qu’une nécessité irremplaçable, celle de rendre commun ce qui risque de paraître comme particulier. »

« Par conséquent, conclut le P. el-Haiby, communiquer dans le monde de la santé, c’est rendre communes toutes les valeurs qui fondent à la fois et notre humanité et nos sciences. »

Plus de 25 chercheurs, professeurs d'université spécialisés, médecins et experts ont participé aux sessions du colloque et à un atelier de deux jours. Les recommandations générales suivantes ont été émises:

  1. Consolider et promouvoir la formation à la compétence communicationnelle dans toutes les professions de la santé.
  2. Etablir des protocoles variés et adaptés afin de guider les professionnels dans la communication de la vérité « du » malade.

     

  3. Construire des modèles fonctionnels dans le monde de soin ayant pour axe principal: l’autonomisation (empowerment) du patient dans sa démarche de création de sens, et ne pas réduire ses besoins aux seules dimensions physiques et psychiques, mais plutôt de considérer sérieusement sa quête existentielle et spirituelle.
  4. Promouvoir la culture de soins spirituels dans la société en général, et dans les milieux de santé en particulier. Ce qui exige la formation des intervenants et des accompagnateurs spirituels.
  • Le DU en pastorale de la santé à l’ISSR fait déjà son chemin depuis 18 ans.
  • Une autre formation devra être destinée à un public plus large avec des compétences spirituelles plus globale (trans-religieuse)
  1. Implémenter plus efficacement et officiellement les compétences des intervenants sociaux et des médiateurs dans la communication en milieu de santé.
  2. Initier à la confidentialité et veiller à la sécurité de la santé numérique.
  3. La E.Health (la santé numérique) fait gagner du temps que ce soit dans la communication entre les soignants, que ce soit au chevet du malade. L’essentiel reste de faire en sorte que le temps épargné quantitativement soit investi qualitativement.
  4. La différence entre un professionnel qualifié ou non, ne réside pas seulement dans l’évaluation de ses compétences scientifiques et techniques mais aussi dans ses compétences communicationnelles.
  5. Il est nécessaire d’œuvrer pour donner une information de qualité plutôt qu’une quantité d’information.